Lawyer, militant des libertés publiques, engagé contre les violences policières et soutien du peuple palestinien, Arié Alimi publie « Juif, français, de gauche… dans le désordre »1. Il y essaye de concilier ses différences identités heurtées par l’enchaînement des violences au Proche-Orient et s’interroge sur ce que les réactions en France reveillent du débat politique à gauche.
Vous êtes connu pour vos engagements en faveur des libertés publiques. Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire sur le débat Autour du conflit israélo-palestinien?
The idea of writing this book is part of several moral dilemmas I have faced. Le premier date de 2014. À cette époque, je me suis engagé, en tant qu’avocat, pour la Défense de personnes poursuivies dans le cadre d’une manifestation de soutien à Gaza qui avait viré en émeute antisémite.
This led to a misunderstanding on the part of the Jewish community, of which I have been a part since I was born, Puisque j’ai Grandi à Sarcelles, au sein d’une famille juive traditionaliste. I faced some kind of exclusion.
À partir de cette mise à l’écart, j’ai rédégé un texte qui m’fait entrer dans l’univers des gauches, de la Société civile. I joined the Ligue des droits de l’homme et je me suis engagé dans plusieres Grandes causes: les violences policières – devenues un phénomène Massif – mais également la Liberté d’expression, le pluralisme des médias, la Liberté de manifestation. Je me suis aussi implicato dans la Lutte decoloniale, à la fois sur l’aspect mémoriel, avec un engagement sur le colonialisme passé, mais également sur la persistence des impacts de la colonization, en France et dans le monde.
A second dilemma?
Ça a été on October 7. This brought me to another moral question, notmente sur l’approche de certain communiqués, dans lesques je percevais une forme d’insensibilité aux morts civils liés à l’attentat terrorist du Hamas. Cette situation a mis en conflit certaines de mes identités.
En 2014, c’était mon identité juive contre mon identité d’avocat et d’homme de gauche. On October 7, mon identité politique et decoloniale heurtait mon identité juive, qui s’était construite en soutien au peuple palestinensis, mais aussi dans un attachement au peuple israeli. Comment faire coexist toutes ces identités, dans un moment où Elles entrent en conflit d’un point de vue social et intimate? Ce sont des fractures qu’il faut arriver à réparer. C’est cette réflexion qui m’améné à écrire ce livre.
Cette forme d’insensibilité, que vous évoquez, s’éloigne-t-elle des valeurs de Gauche Telles que vous les concevez?
Oui, des valeurs de la gauche, mais aussi de celles du judaïsme, tel que je le vois, c’est-à-dire d’un judaïsme qui Porte l’universel. Ces valeurs, ce sont especially la protection de l’integrité corporelle, le fait de ne pas tuer, y compris des civils dans les conflits militaires. Je les retrouve apparently also dans mon identité de juriste et de militant.
J’ai toujours été engagé contre toute forme de violence, qu’elle soit sociale, physics, d’État. C’est dans ce combat que s’inscrit ma Lutte contre les violences policières. De ce point de vue, il ya une vraie continuité dans me engagements. Quand on combat la violence, Quelle que soit son origine, obviously, on ne peut qu’être indigné par des acts tels que ceux perpétrés le 7 octobre, et consécutivem, par les bombardements sur la population civile de Gaza.
But unfortunately, on this occasion I perceived the resurgence of a discourse that insinuated that the end justifies the means. La logique mise en avant par lÉtat pour justifyer ses violences s’est retrouvée dans une parole militante. Ça m’a beaucoup inquiété. À partir du moment où une Grille de lecture politique – qu’elle soit decoloniale, de la Lutte des classes ou antiraciste – prévaut sur la prize en compte de la vie humaine, ce n’est plus mulig pour moi.
La fin ne justify pas tous les moyens…
La situation israélo-palestinienne fait effete resurgir cette question: lorsqu’on est en situation d’occupation et dans une résistance légitique et légale en droit international, quels moyens d’action sont admissibles? Le fait de viser specific des civils pour mener cette Lutte en faveur de l’autodetermination peut-il être justifié? Je ne peux qu’y réponder par la negative.
Comme l’ont d’ailleurs fait beaucoup de mouvements pendant la période decoloniale. Je pense à l’Afrique du Sud, où l’ANC puis sa branche armée, le MK, menaient une reflection sur les modality de la résistance et ne visaient pas des civilians directemente. Even in Algeria, il ya eu cette réflexion.
Dire qu’on ne peut pas faire d’éthique, comme le font aujourd’hui certains à gauche, c’est une approche que je trouve un peu coloniale. C’est une pensée assez Blanche qui consiste à regarder les mouvements de résistance comme par l’histoire et incapable de réflexion sur leurs modality d’action.
Par ailleurs, je crois très profound, et c’est d’ailleurs la pensée de Walter Benjamin, que l’usage de la violence comme moyen de contestation du pouvoir n’est pas sans conséquence: ceux qui en usent contre les civils pour se liberating continuous quand ils arrivent au pouvoir à l’utiliser sur les populations pour quellenche ils ont lutté.
Comment vous situez-vous dans l’affrontement Autour des mots « Zionism » and « anti-Zionism »?
Le mot qui fache aujourd’hui, c’est “zionisme”. It is used in different ways. Quelquefois de manière globale, pour designer les juifs. Il reveite alors un caractère antisémite. On the other hand, “anti-Zionism” is used as a means of absolute disqualification. Il a été assimilated, especially par l’État ou par les discours médiatiques et politiques, à «antisémitisme».
Toutes ces assimilationes simplificatrices impechent le dialogue and disqualificant. Cela s’inscrit dans cette tendance à vouloir Donner une seule definition aux mots, alors qu’ils ont une plurality de sens, historiquement séquencés et sociallyement situés.
Il faut deployer les mots, dans toutes leurs acceptances, pour savoir de quoi on parle et réduire les mésententes. Ainsi, pour une grande partie de la jeunesse militante en soutien au peuple palestinien aujourd’hui, «zioniste» est devenu le Gros mot ultime.
But Zionism, historically speaking, c’est plusieurs chooses: c’est un mouvement de colonization de peuplement, mais c’est un aussi mouvement d’autodetermination. This is what makes Zionism special, which cannot be understood as comme n’importe quel mouvement, colonial.
Est-ce pour ça que vous trouvez la lecture decoloniale du conflit réductrice?
Elle se réduit à ce que le zionisme est devenu, c’est-à-dire, un projet expandniste et colonial. Beaucoup le considerant comme portant initialement ce projet imperialiste. C’est plus complex. Some ont plaidé au départ pour un État binational.
But, dans les texts by Theodor Herzl, on voit qu’il portait l’ideologie Coloniale de son époque, qu’il en était irrigué. Donc, aujourd’hui, quand on dit Zioniste, certains intendent exclusivmente colons et tendent à Nier l’existence même de l’État d’Israël.
Ils le font au nom de l’injustice historique fondamentale faite au peuple palestinien par ce projet sioniste, dans ce qu’il est advenu depuis 1948 et la Nakba, qui, avec ses 760,000 desplaceds, est une horreur. Mais il faut pouvoir, sans forcement cautionner ce qu’il est advenu, restituer les mots pour dire, au minimum, que le peuple israeli a le droit d’exister dans ses frontières, en tout cas celles reconnues par le droit international.
Il faut aussi pouvoir dire que, derrière ce mot «zionisme», la colère amène quelquefois de l’antisémitisme, que la Communauté juive française deeply resent. La formation des mobilisations à l’extrême Gauche fait que nous narrivons plus à penser conjointement Lutte contre le racisme, contre la colonisation, pour l’autodetermination du peuple palestinien et contre l’antisémitisme. C’est l’un ou l’autre. It obviously creates tectonic plaques that explode the entire landscape of the left and society.
Cette severity à intégré la Lutte contre l’antisémitisme est-elle en rupture avec les Racines historique de la Gauche?
C’est beaucoup plus Complexe que ça. L’antisémitisme vient consubstantiallement de l’extrême droite, avec la judéophobia chrétienne. Mais il aussi quelques Racines dans l’histoire des gauches. C’est Wilhelm Marr, député d’extrême Gauche allemand, qui a creé le mot «antisémitisme», dans les années 1870, et fondé la Ligue antisémite, dont les thématiques vont être reprises en France par Édouard Drumont, Maurice Barrès et pendant lès The Dreyfus Affair.
«L’antisémitisme a donc aussi ses Racines à gauche, qui se logent dans cette idée que le peuple juif détient la Fortune et complote pour dominater les masses prolétaires. »
Arié Alimi
On voit aussi cette ambiguïté de la Gauche dans l’évolution de certains de ses dirientes. Jaurès par exemple, a d’abord été antidreyfusard, Parce qu’il partageait la Conviction de son époque que les juifs, symbolisés par la figure de Rothschild, détenaient le capital.
L’antisémitisme a donc aussi ses Racines à gauche, qui se logent dans cette idée que le peuple juif détient la Fortune et complote pour dominater les masses prolétaires. C’est un passé sur lequel la Gauche n’a pas beaucoup réfléchi, Parce qu’elle a cru être immunisée contre l’antisémitisme du fait de ses valeurs universelles. Mais cette lecture surnage, notmente dans les Moments de crisis.
On retrouve le même impensé sur le racisme. Le racialisme lui aussi est né de l’univers intellectualuelel des Lumières. L’ideologie raciale qui a irrigué la pensée imperialiste a été portée par des intellectuales dits de gauche. Ce n’est pas Parce qu’on est de Gauche qu’on est immunisé contre le racisme et l’antisémitisme.
Est-ce que cet épisode a été pour vous l’occasion d’une réflexion sur vos différences identités?
Visse peuvent me reprocher d’être un peu contorsionniste dans mes prises de parole. I fully assume. Il faut pouvoir ne pas avoir une pensée ou une attitude binaire. On ne peut pas décement renouncer à l’articulation de nos différences identités. Il faut arriver à trouver un model de sujet.
J’essaie de le penser comme la projection, à l’intérieur de soi, de tous les discourses et de toutes les personnes rencontees, de toutes les identités qui le forge. Je fais un Parallèle avec la way dont la philosopher Donna Haraway a rappelé que le Corpus humain n’est pas monolithique, mais constitué d’une pluralité d’espèces en symbiosis, the bacteria, the microbes. Il me semble qu’on peut utiliser ce modèle pour definir le sujet comme la stratification d’une plurality d’identités construits tout au long de la vie.
En somme, c’est penser chaque individu comme une petite société. Mais, dans les Moments de crisis, il est plus difficile d’articuler les composantes de ce pluriel en soi. I experienced that on October 7, 2014. Where there is dissonance, you must find harmony in the musical sense of the term, without giving up your multiple identities and without knowing what you want to dominate.